Dans le cadre des 40 ans d’indépendance de la République de Djibouti, le Parlement fédéral du Royaume de Belgique a reçu une délégation composée de Daher Ahmed Farah, Président du MRD et principal opposant au régime djiboutien ; Ali Deberkale, Président du Mouvement Djibouti 2016 ; Alexis Deswaef, Président de la Ligue belge des droits de l’Homme et Dimitri Verdonck, Président de Cultures & Progrès. La délégation a été reçue par le Député Stéphane Crusnière et ses collègues de la Commission des Affaires Etrangères de la Chambre des Représentants. Au menu des discussions :
La répression systématique du régime djiboutien à l’encontre des opposants politiques qui refusent de faire alliance avec la dictature ; les arrestations et les emprisonnements arbitraires ; l’instrumentalisation de la diaspora par les relais de la dictature et les agissements illégaux de l’ambassade de Djibouti sur le territoire belge…
Le principal opposant à la dictature djiboutienne, Monsieur Daher Ahmed Farah a brièvement retracé les faits politiques marquants de ces dernières années et de ces derniers mois. Une histoire faite de corruption, d’incurie des plus hautes autorités de l’Etat, de violation massive des droits humains, d’élections frauduleuses, de diplomatie du porte-monnaie et d’absence totale d’intérêt pour une population maintenue sous pression et dans une pauvreté inacceptable. Après s’être félicité de l’intérêt des mandataires politiques belges et de leurs collègues européens pour l’évolution de la situation à Djibouti, le Président du MRD a confirmé son intention de porter, avec leur soutien, plusieurs dossiers au niveau des Nations-Unies notamment. « Après 40 ans, il est temps de mettre fin au agissements d’une clique sans scrupule, sans vision et sans aucun égard pour l’être humain. Du fait de sa cupidité, Ismaël Omar fait courir de grands risques aux Djiboutiens comme à la communauté internationale ».
A cette occasion, Maître Alexis Deswaef a dénoncé l’utilisation de l’appareil judiciaire par un régime dictatorial qui s’en prend de manière systématique aux opposants politiques qui représentent une menace pour ses intérêts. Il a également attiré l’attention sur l’importation en Belgique d’une situation très tendue à Djibouti. Avec le soutien de son ambassade et de ses relais en Belgique, Djibouti « tente de relier Daher Ahmed Farah à des affaires sordides afin de discréditer l’opposition la plus crédible. L’objectif est toujours le même : occuper DAF (Daher Ahmed Farah) en espérant qu’il passe son temps et déploie son énergie à se défendre plutôt qu’à développer son projet politique ». . Le Président de la LDH a par ailleurs confirmé qu’une plainte au niveau international était envisageable et annoncé qu’il mobiliserait tous les outils nécessaires au niveau du droit pénal belge et international pour que justice soit faite à Djibouti.
Ali Deberkale a quant à lui plaidé pour l’adoption d’instruments politiques forts (résolutions ou autres), sur le modèle de ce qui se fait au niveau européen, afin de mettre la pression sur la dictature djiboutienne. Il a également insisté sur la nécessité de mettre en place des mécanismes de protection des contestataires pacifiques djiboutiens ciblés par le régime. « Qu’il s’agisse de mandataires politiques, d’acteurs de la société civile ou de simples citoyens, certains de nos compatriotes risquent leur vie à Djibouti et ils comptent sur la solidarité de la communauté internationale et de la Belgique en particulier ».
Au nom de Cultures & Progrès, Dimitri Verdonck a notamment rappelé aux parlementaires belges que Djibouti avait pour habitude de cloner toutes les structures qui portent un regard critique sur le régime. Qu’il s’agisse de syndicats, de partis politiques, de mouvements de jeunes activistes comme le MJO ou de structures de la société civile comme la Ligue des droits de l’Homme actuellement suspendue par la FIDH (Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme), la confusion est devenue une arme privilégiée par le régime d’Omar Guelleh et des opposants qui, ouvertement ou non, ont choisi de se rallier à lui. Dimitri Verdonck est également revenu sur l’aggravation des conditions de vie des Djiboutiennes et des Djiboutiens qui survivent grâce à l’aide internationale et à la solidarité familiale. Le cas de Mohamed Jabha, condamné à 15 ans de prison, a également été évoqué ainsi que les troubles possibles liés au départ du Qatar de la frontière entre Djibouti et l’Erythrée.
De leurs côtés, les députés belges et en particulier Stéphane Crusnière, ont pris acte de l’évolution inquiétante de la situation en République de Djibouti. Réitérant leur totale disponibilité dans la promotion et le soutien aux droits humains à Djibouti comme ailleurs, ils se sont engagés à mettre en oeuvre plusieurs actions très concrètes et à mobiliser plusieurs dispositifs clés au niveau belge comme au niveau international. Nous y reviendrons plus en détail dans les mois qui viennent. Ils ont également exprimé leur intention de suivre de près l’évolution du dossier des « prisonniers du micro-crédit » dont la comparution a été reportée au 7 septembre prochain et qui concerne Naguib Ali Gouradi, membre dirigeant (trésorier) du MRD ; Farah Abadid Hildid, haut cadre du MRD ; Mohamoud Mohamed Daher, haut cadre du MRD ; Djama Houssein Robleh, Secrétaire général du MRD et député légitime ; Hared Daher, militant et Ibrahim Abdi Indayareh, militant.