25.08.2016 A l’occasion de son 39ème Congrès qui se déroule en ce moment à Johannesburg (Afrique du Sud), la FIDH vient de suspendre la Ligue djiboutienne des droits de l’homme (LDDH). Du côté du régime djiboutien, pour peu qu’il y prête attention, cette annonce sonnera sans doute comme une victoire. Pour la population djiboutienne, il s’agit par contre d’une triste et inutile défaite. La défaite « d’une opposition faible et gangrenée par les ambitions de quelques irresponsables qui ont fait de la LDDH le théâtre de rivalités absurdes et contraires à l’intérêt de la population et des objectifs qu’ils prétendent défendre », selon Monsieur Ali Deberkale, l’ancien représentant officiel de l’USN auprès de la Belgique et de l’Union européenne et actuel président du Mouvement Djibouti 2016.
Le contexte
Depuis la mort en avril 2012 de Monsieur Jean-Paul Noël Abdi, président de la LDDH, l’avocat djiboutien Maître Zakaria Abdillahi avait courageusement repris le flambeau à la tête de la LDDH qu’il n’a cessé d’incarner depuis lors. Au péril de sa tranquillité et de ses propres intérêts déjà gravement atteints par le fait qu’il est le seul et unique avocat à oser défendre les opposants politiques et les victimes de la répression en République de Djibouti. Seulement, au fur et à mesure des victoires engrangées par l’USN depuis 2012 et avec des intentions souvent peu lisibles, d’anciennes figures de l’opposition et de la société civile ont commencé à refaire surface. C’est le cas de Monsieur Omar Elmi Ewado, un fonctionnaire djiboutien au passé militant mais absent du terrain depuis longtemps.
Que s’est-il passé ?
En pleine crise politique, dans un contexte de répression sévère qui mobilisait Maître Zakaria Abdillahi jours et nuits, et profitant d’une situation juridique un peu floue depuis la mort de Monsieur Jean-Paul Noël Abdi, Omar Elmi Ewado a fini par s’auto-proclamer président de la LDDH et tenter de faire passer l’avocat djiboutien pour un usurpateur ! Après plusieurs mois d’une confusion savamment entretenue par ce monsieur et ses alliés à coups de communiqués et de fausses informations diffusées notamment auprès de diverses institutions djiboutiennes et étrangères, la FIDH a fini par instruire un dossier. Un dossier faisant état, dans le chef de Monsieur Omar Elmi Ewado, d’une série de graves « erreurs » et de comportements incompatibles avec la fonction qu’il prétendait occuper…
Notre avis
Quels que soient ses ambitions, ses mérites personnels et son affiliation politique, en s’auto-proclamant président de la LDDH, Omar Elmi Ewado a très gravement porté atteinte à l’intérêt des Djiboutiennes et des Djiboutiens, dans un moment crucial de l’histoire de la libération de leur pays. Une ligue des droits de l’Homme n’est pas un outil de promotion et de diffusion d’une vision partisane de la réalité politique et sociale. Elle ne le sera jamais. Les conséquences de ses agissements sont graves et, avec ses amis, il en porte la responsabilité : absence de crédibilité d’une ligue sans leader officiel, acteurs de la contestation populaire et militants des droits humains plus exposés que jamais à la répression, mise en péril de la vie d’un tas de personnes actives sur le terrain à Djibouti (prisonniers, militants, manifestants, jeunes MJO…), demandeurs d’asile originaires de Djibouti affaiblis dans la constitution de leur dossier et dont les témoignages qu’ils rapportent sont désormais beaucoup plus facilement attaqués, mise en sommeil du réseau de soutien extérieur patiemment mis en place par Zakaria Abdillahi etc. etc.
Epilogue
Avant la fin de l’année, la FIDH se rendra à Djibouti pour évaluer la situation. Elle y trouvera des prétendants sérieux et crédibles car ils existent et travaillent déjà sur le terrain et en partenariat avec les partenaires étrangers qui comptent. Espérons qu’ils se porteront candidats à la présidence de la LDDH et qu’ils mettront fin à l’épisode ouvert par Monsieur Omar Elmi Ewado sans égard pour la population de Djibouti.
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