Ce mercredi 23 septembre 2015, Mr Ismaïl Guedi Hared, président de l’UDJ (Union pour la Démocratie et la Justice), est décédé à l’hôpital du Val de Grâce à Paris. Son emprunte dans la construction de la République de Djibouti aura été grande, notamment dans la mise en place d’une administration, par ailleurs aujourd’hui moribonde. Après avoir été évincé de la succession à la présidence de la République de Djibouti par Ismaël Omar Guelleh en 1999, Ismaël Guedi Hared était passé dans le camp de l’opposition où son parcours en faisait de facto un leader. Une posture qu’il n’aura pourtant jamais vraiment réussi à incarner. Pas même au sein de l’USN créée en 2013 sous l’impulsion de Daher Ahmed Farah, président du Mouvement pour le Renouveau Démocratique à Djibouti (MRD), où il a beaucoup déçu. D’abord par une prudence coupable qui a fait perdre quelques belles opportunités à l’opposition qui avait toutes les cartes en main au lendemain des élections de février 2013. Ensuite en mettant en scène sa réconciliation avec Omar Guelleh. Enfin, en négociant dans le plus grand secret la signature d’un accord-cadre entre l’opposition et le gouvernement. Un accord obtenu sans contrepartie sérieuse et qui n’a d’ailleurs toujours pas été respecté. Au fil des mois, à l’écart des partis de l’opposition avec lesquels il refusait désormais tout contact, Ismaël Guedi Hared était ainsi devenu le meilleur atout du président Omar Guelleh. Avec le décès de Guedi Hared, c’est donc une partie de la stratégie du régime en place qui s’effondre. C’est aussi une partie de l’histoire de Djibouti qui disparait. Ce n’est sans doute pas la plus glorieuse, mais la politique n’est pas faite que de gloire.
Dimitri Verdonck, président d’ACP