L’Histoire est du côté des courageux Africains, pas de ceux qui font des coups d’État ou changent les Constitutions pour rester au pouvoir. À en croire le Président américain, Barack Obama, qui prononçait cette phrase lors de sa visite officielle de 2009 au Ghana, l’Histoire ne sera donc pas du côté de la petite République de Djibouti. En effet, le 15 avril dernier, le Parlement – monocolore – de Djibouti a décidé de modifier la Constitution afin de permettre à l’actuel Président djiboutien, Ismaël Omar Guelleh, de se représenter pour une troisième fois et plus encore s’il le souhaite, aux élections présidentielles du pays qu’il dirige depuis onze ans déjà. Constitutionnellement, les prochaines présidentielles sont prévues pour avril 2011.
Pour les parlementaires djiboutiens, il serait clairement dans l’intérêt du pays qu’Ismaël Omar Guelleh continue de le présider. Pour les opposants, ce serait tout le contraire. Que disent les faits ? C’est ce sur quoi a décidé de se pencher ACP en prenant pour fil rouge la situation des droits de droits de l’homme dans le pays, au terme de dix années de présidence d’un ancien policier qui en 1999 succéda à son oncle, le Président Hassan Gouled Aptidon.
Dans le cadre de cette initiative, ACP a rencontré le lundi 08 novembre à Bruxelles, une partie de l’opposition et des personnalités djiboutiennes bien connues. Ainsi, Ismaël Guedi Hared, Président de l’UDJ et de l’UAD ; Daher Ahmed Farah, Président du MRD ; Mohamed Kadamy, responsable du FRUD armé ou encore l’homme d’affaire Abdourahmane Charles Boreh ont eu chacun l’occasion de livrer à ACP leur vision de la situation sociale et politique à Djibouti.
Tous s’accordent sur un point, les conditions de vie de la population djiboutienne ne cessent de s’aggraver, rendant ainsi de plus en plus fragile, une paix sociale déjà relative et obtenue par la force et l’intimidation. Si les crises économique et financière mondiales peuvent en partie expliquer cette aggravation des conditions de vie des Djiboutiennes et des Djiboutiens, elles ne sauraient, selon eux, exonérer le régime actuel de la très grande responsabilité qui est la sienne dans la situation déjà catastrophique qui prévalait avant ces crises.
Il est vrai qu’à Djibouti plus de la moitié des enfants sont sans abris dans la capitale (9 enfants sur 10 en milieu rural !) et que 30% d’entre eux souffrent de malnutrition. Il est vrai également que selon les propres termes de la représentante de l’UNICEF à Djibouti, la majorité des enfants vivent dans une pauvreté abjecte. Il est vrai encore que l’OIT dénonce régulièrement l’absence de liberté syndicale à Djibouti, que d’autres dénoncent l’absence de liberté politique ou encore de liberté de la presse…
Pourquoi une telle situation aujourd’hui ? Les chiffres et indicateurs reflètent-ils bien la réalité ? Quelles solutions les opposants proposent-ils ? Comment le régime actuel se positionne-t-il face à ces constats et aux nombreux enjeux à l’approche des présidentielles ? ACP reviendra bien sûr sur ces questions et bien d’autres encore en donnant la parole à un maximum d’acteurs politiques et sociaux, djiboutiens ou non.