A la demande de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), nous vous prions d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante au Tchad. L’Observatoire a été informé de sources fiables de l’arrestation et de la détention arbitraire de M. Djeralar Miankeol, responsable de l’association Ngaoubourandi qui dénonce l’expropriation de leurs terres des agriculteurs au Tchad, et membre de la Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH), organisation membre de la FIDH et de l’OMCT.
Selon les informations reçues, M. Miankeol a été arrêté le 15 juin 2015 vers 16h, alors qu’il se rendait au bureau du procureur de la République de Moundou sur instruction du substitut du procureur de la République, puis détenu à la brigade de recherche de la gendarmerie de la ville.
Le 16 juin 2015, le mandat d’arrêt à l’encontre de M. Miankeol ayant été confirmé par un juge du Tribunal de Moundou, celui-ci a été transféré à la maison d’arrêt de Moundou. M. Miankeol est poursuivi pour « outrage et insulte à magistrat », « dénonciation calomnieuse » et « incitation à la haine ».
Ces accusations font suite à une interview donnée par M. Miankeol, le 7 juin 2015 à la radio FM Liberté, et dans laquelle il dénonçait la corruption des magistrats, notamment dans des affaires liées aux expropriations et à l’accaparement des terres des éleveurs tchadiens.
L’Observatoire rappelle que M. Miankeol fait l’objet d’un harcèlement récurrent depuis plusieurs années pour son activité comme défenseur des droits à la terre, ayant dénoncé l’exploitation du pétrole dans le pays, l’accaparement des terres ainsi que les conflits entre éleveurs et cultivateurs.
L’Observatoire dénonce vivement l’arrestation et la détention arbitraire de M. Djeralar Miankeol en ce qu’elles ne semblent viser qu’à sanctionner ses activités de défense des droits de l’Homme et appelle les autorités à le libérer immédiatement et inconditionnellement.
Actions requises:
L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités tchadiennes en leur demandant de :
- Libérer immédiatement et inconditionnellement M. Djeralar Miankeol ;
- Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de M. Djeralar Miankeol et de l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme au Tchad;
- Mettre un terme à toute forme de harcèlement, notament judiciaire, à l’encontre de M. Djeralar Miankeol, ainsi que de l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme au Tchad ;
- Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement : son article 1 qui stipule que “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation de tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales aux niveaux national et international” ; et son article 12.2 qui prévoit que « l’Etat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration »;
- Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par le Tchad.
• E-mail : Appeals@fidh-omct.org
• Tel et fax FIDH : 33 1 43 55 25 18 / 33 1 43 55 18 80
• Tel et fax OMCT : + 41 22 809 49 39 / 41 22 809 49 29